Lors d'une catastrophe, la connaissance de la situation est impérative à la prise de décision pour l'intervention et le soutien d'urgence. Des informations concernant l'ampleur des dommages dans une zone et la population touchée sont nécessaires, ainsi que des informations logistiques telles que la localisation des hôpitaux, les routes et les ponts en bon état et les infrastructures de communication. Dans les jours et les semaines qui suivent une catastrophe, des informations concernant les agences internationales et les ONG opérant dans la région et la répartition des ressources sont nécessaires pour s'assurer que l'aide parvient à ceux qui en ont le plus besoin et que les efforts ne sont pas dupliqués afin de ne pas perdre un temps précieux. Les gestionnaires et les intervenants lors des catastrophes ont besoin d'informations précises et dans les meilleurs délais pour comprendre et communiquer la situation sur le terrain.
Sommaire
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A quoi servent les données ?
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Comment les données satellitaires fournissent-elles des informations pour les interventions d’urgence ?
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Les organisations impliquées dans la production de données satellites pour les interventions d’urgence
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Utilisation de l’imagerie optique, thermique et radar (SAR) selon les types de catastrophes
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Comment puis-je accéder aux données sur les interventions d'urgence ?
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Comment les données spatiales sont-elles utilisées pour les interventions d'urgence ?
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Utilisation des données satellitaires en situation d'urgence
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Utilisation des données participatives en situation d'urgence
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1. A quoi servent les données ?
La situation dans une région sinistrée est souvent peu claire, en particulier lorsqu’il s’agit d’une zone reculée ou d’une zone devenue inaccessible à la suite d’une catastrophe. Cela peut être exacerbé par des systèmes de communication non fonctionnels, par la panne des services nationaux et par la difficulté à coordonner un volume élevé d'acteurs impliqués dans les efforts de réponse à la crise. L’utilisation de systèmes spatiaux offre un grand potentiel pour l’évaluation des dommages et de la situation sur le terrain à la suite de catastrophes naturelles et technologiques. En effet, la cartographie rapide et l'imagerie haute résolution sont devenues des outils de soutien importants dans les opérations de secours et d'urgence. Les images satellites et les systèmes d'information géographique sont désormais régulièrement utilisés dans les interventions d'urgence et dans les réponses humanitaires, notamment pour la logistique, la sécurité du personnel, la distribution, le transport, et la mise en place de réseaux de télécommunication et de camps de réfugiés.
La cartographie d'urgence à l’aide d’images satellites consiste à créer des cartes, des produits issues de données spatiales, et des informations géographiques permettant de fournir des informations sur la crise. Une meilleure connaissance de la situation est favorisée par les images satellites pré et post-événement, puisqu’elles permettent de comparer la situation initiale avec la situation post-évènement. De plus, les images satellites post-événement servent à créer des cartes de la zone pour les acteurs travaillant sur le terrain. Ces cartes peuvent également aider à identifier d'autres dangers causés par la catastrophe initiale, tels que les zones potentielles de glissement de terrain après un tremblement de terre ou une éruption volcanique, ou les zones où des immersions prolongées dues à des inondations peuvent conduire à de nouveaux vecteurs de maladies. À moyen et à long terme, les images satellite peuvent être utilisées pour identifier les camps de personnes déplacées à l'intérieur du pays et les abris temporaires. Elles servent également à effectuer des évaluations approfondies des dommages (à la fois de l'intensité et du type de dommages dans une zone) pour aider à planifier le rétablissement et la réhabilitation de la région touchée.
Les données et cartes satellitaires peuvent fournir un moyen objectif d'évaluation des catastrophes, et de délimitation de l'étendue et de l'intensité d'un danger bien plus rapidement que des enquêtes sur le terrain. Les systèmes satellitaires et les techniques d'analyse d'images se sont développés à tel point que les instruments d’observation terrestre peuvent contribuer efficacement à la gestion des catastrophes naturelles et technologiques.
2. Comment les données satellitaires fournissent-elles des informations pour les interventions d’urgence ?
Les produits de données pour les interventions d'urgence peuvent être globalement regroupés en trois domaines (comme défini dans les directives de cartographie d'urgence de l'IWG-SEM, voir www.iwg-sem.org):
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Les cartes pré-événement ou cartes de référence. Le but d'une carte pré-événement est de fournir rapidement des connaissances sur le territoire tel qu’il était avant la catastrophe. Elles se composent des caractéristiques topographiques de la zone touchée par la catastrophe, des enjeux exposés, ainsi que d'autres informations disponibles qui peuvent aider les utilisateurs dans leurs tâches spécifiques de gestion de crise. La carte de référence est basée sur les données de référence disponibles et sur les images satellites pré-événement, lorsqu'elles sont disponibles. Si les images pré-événement ne sont pas disponibles, la carte de référence sera uniquement basée sur des données de référence, sur l'image post-événement et sur les informations auxiliaires provenant d'autres ressources.
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Les cartes post-événement, y compris les cartes d'impact, de délimitation, de gradation et de niveaux de dommages. Les cartes de délimitation fournissent une évaluation de l'impact et de l'étendue de l'événement. Les cartes de délimitation sont directement dérivées des images satellites acquises immédiatement après l'événement d'urgence. Le cas échéant, elles peuvent être combinées avec une modélisation numérique et comparées avec des informations d'archive concernant des événements similaires. Les cartes de niveaux de dommages fournissent quant à elles une évaluation des dommages (en prenant en compte l'événement général, et son évolution). Les cartes de niveaux de dommages sont directement dérivées des images satellites acquises immédiatement après la catastrophe. Le cas échéant, elles peuvent être combinées avec une modélisation numérique et comparées avec des informations d'archive relatives à des événements similaires. Les cartes de niveaux de dégâts incluent l'étendue, le type et les dégâts spécifiques à l'événement. Elles peuvent également fournir des informations pertinentes et à jour spécifiques aux infrastructures critiques, aux systèmes de transport, à la logistique d'aide et de reconstruction, aux bâtiments gouvernementaux et communautaires, à l'exposition aux risques, aux populations déplacées, etc.
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Les cartes de mise à jour de la situation / cartes de surveillance des événements. Les cartes d'impact / délimitation / niveau de dommage / post-événement peuvent être mises à jour pour fournir une évaluation de l'évolution de l'impact et de l'étendue de l'événement.
Ces données sont d'une grande importance pour plusieurs étapes de l'intervention d'urgence, en particulier dans les heures et les jours suivant un événement, puisqu’une communication et des informations à jour sont nécessaires pour planifier efficacement les actions de réponse. L'imagerie satellitaire peut à la fois contribuer à l'alerte précoce et à l'évaluation des risques dans la phase pré-catastrophe, ainsi qu'à l'évaluation des dommages et à la coordination des secours dans la phase post-catastrophe. Les images pré-événement peuvent fournir des cartes de base montrant les routes, les structures, les écoles, les hôpitaux et d'autres infrastructures importantes.
Grâce à une combinaison de mandats et de directives pour la coordination de la réponse humanitaire, les agences spatiales et les acteurs privés de production de données satellites peuvent publier des données pertinentes sur une région touchée, qui permettent aux équipes d'intervention, aux travailleurs humanitaires et aux chercheurs de mieux comprendre la situation sur le terrain et de prendre des décisions rapides et éclairées. L'imagerie post-événement peut servir de base à de vastes campagnes de cartographie des dommages, générant rapidement des cartes sur les effets de la catastrophe détectés à distance.
Pendant la phase de réponse à la catastrophe et de reprise après sinistre, seuls des produits d'analyse d'images à jour, précis et complets peuvent contribuer de manière significative à l'évaluation et à la planification des mesures mises en place. La programmation, la livraison et l'analyse des images satellitaires doivent se faire dans un délai de réponse de quelques heures à quelques jours. Cependant, les images brutes doivent être traitées, ortho-rectifiées (l'image doit être « étirée » pour correspondre à la précision spatiale d'une carte en tenant compte des informations sur la localisation, sur l’élévation et en tenant compte du capteur utilisé). Ces images doivent également être interprétées pour générer des informations utiles pour les utilisateurs non-experts et pour créer des cartes de situation, des rapports et des statistiques utiles à la prise de décision. De la demande d'assistance à la mise à disposition de cartes, plusieurs étapes sont nécessaires pour l'acquisition de données satellitaire, avec la coordination des tâches de commande de satellite et de réception de données, et pour l'analyse de ces données, avec le prétraitement, la correction et la mise en forme des images satellitaires. Cette chaîne complexe d’étapes peut prendre entre quelques heures et plusieurs jours, selon l'emplacement des satellites et l'échelle d'analyse. Outre l'expertise en analyse d'images, une tâche tout aussi importante est la création de produits cartographiques complets et faciles à utiliser. À cette fin, des données de référence sont nécessaires, tels que les noms de lieux, le réseau routier, les rivières, les infrastructures essentielles et les informations topographiques.
Outre le traitement et l'analyse des données satellitaires, l'interaction avec les principaux utilisateurs est d'une grande importance pour garantir que les produits sont utiles et adaptés aux besoins. Pour garantir la bonne diffusion de l’information et l’utilisation de produits adéquats lors de situations d’urgence, les décideurs, le personnel des organisations de secours sur le terrain et les autres parties prenantes doivent être formés ou du moins sensibilisés à l’utilisation des systèmes d'observation de la Terre. Par exemple, dans de nombreuses régions, les données compatibles avec les appareils mobiles pouvant être consultées sans accès à Internet peuvent être d'une grande utilité pour ceux qui travaillent sur le terrain.
Ces dernières années, la cartographie participative, utilisant des volontaires du monde entier pour cartographier des zones endommagées, s'est développée grâce à des plateformes telles que OpenStreetMap et Tomnod, et bien que non sans problèmes, la cartographie participative s'est avérée extrêmement utile dans les interventions d'urgence. Une réponse numérique rapide à distance a été rendue possible par la haute résolution et la portée des capteurs satellitaires actuels et grâce à la mobilisation d’équipes de géographes, de géodésistes, de géoscientifiques et de bénévoles du monde entier. Les produits finaux sont des cartes qui montrent l'étendue des dommages dans des zones touchées par la catastrophe, les risques potentiels qui subsistent et les zones dans lesquelles les efforts doivent être concentrés.
Les changements dans la manière dont les cartes sont consultées ont également influencé leur utilisation dans les interventions en cas de catastrophe. Selon l’Union internationale des télécommunications, seulement 25% de la population mondiale a accès à Internet, mais plus de 70% a accès aux téléphones portables. L’utilisation de technologies mobiles pour accéder aux produits cartographiques présente certainement de plus grandes opportunités que les systèmes informatiques traditionnels.
2.1. Les organisations impliquées dans la production de données satellites pour les interventions d’urgence
Différents mécanismes d'urgence internationaux peuvent être activés en cas de catastrophe, comme la Charte internationale Espace et catastrophes majeures. La Charte internationale permet de coordonner à l’échelle mondiale l'attribution de tâches à plusieurs satellites et à des systèmes d'archivage en un temps réduit. Cette Charte débuta en 2000, en tant que collaboration entre trois agences spatiales, qui s’étaient réunies pour fournir des images satellites aux États membres de l'ONU en temps de crise. Aujourd’hui, la Charte regroupe 15 membres, et fournit des images satellites aux pays dans le besoin à la suite d'événements de grande ampleur et soudains qui ont un impact important sur les vies, les infrastructures et l'environnement. Ses capacités peuvent être activées via un point d'accès unique disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, par lequel les agences spatiales contribuent à l’assignation de tâches prioritaires aux satellites et organisent la production de cartes pour la zone sinistrée. Entre 2000 et 2014, la Charte fut activée 443 fois. L'initiative d'accès universel permet à toute autorité nationale de gestion des catastrophes de devenir un utilisateur autorisé, avec pour seules conditions préalables d’avoir la capacité de télécharger et d’utiliser les cartes, et de soumettre une demande d’activation en anglais. Une fois membre, ces autorités nationales de gestion de catastrophes peuvent alors soumettre des demandes à la Charte pour une intervention d'urgence.
Le service de gestion des urgences Copernicus (Copernicus Emergency Management Service - EMS) est un service proposé par la Commission européenne fonctionnant 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, et qui fournit des produits standardisés tels que des cartes de référence, des cartes de délimitation et des cartes de nivellement. Ce service peut être activé selon deux modes : le mode de cartographie rapide et le mode de risque et rétablissement. Le service a été activé 135 fois au total depuis son lancement en avril 2012. Les activations sont reçues par les agences de protection civile des États membres, les services européens et les agences des Nations Unies via la DG ECHO (Direction générale protection civile et opérations d’aide humanitaire européennes). Des services de cartographie rapide comme celui-ci peuvent fournir des informations géospatiales venant en aide aux activités de gestion d’urgence sur des temps courts, et donner un aperçu de la situation de référence sur le terrain (topographie, hydrologie d’une zone par exemple). Cela peut également aider à délimiter l’étendue des dommages causés par la catastrophe, telle qu’une zone inondée ou brûlée, ou l’étendue d’une coulée de lave. Par exemple, ce service a été utilisé lors du passage d’un typhon aux Philippines en 2013, où les pré-alertes basées sur le système mondial d'alerte et de coordination en cas de catastrophe (GDACS - Global Disaster Alert and Coordination System) ont permis de prédire la trajectoire du typhon et d'attribuer rapidement des tâches aux satellites. Un certain nombre de cartes de référence, de délimitation, et de classement des dommages ont été produites pour faciliter les interventions d'urgence.
Le centre allemand pour l'aéronautique et l'astronautique (DLR) a mis en place un centre d’information sur les crises par satellite (ZKI) pour faciliter l’utilisation de ses capacités d’observation de la Terre pour les interventions nationales et internationales en cas de catastrophe, l’aide humanitaire et les questions de sécurité civile. Le DLR/ZKI travaille en étroite collaboration avec les autorités publiques, les ONG, les opérateurs de satellites et d'autres agences spatiales. Le ZKI développe ainsi des services de télédétection adaptés à des besoins spécifiques.
Open Street Map est un projet qui vise à créer une carte libre et ouverte du monde entier, entièrement construite par des volontaires effectuant des relevés avec des GPS, numérisant des images aériennes et collectant des sources publiques de données géographiques. Les informations contenues dans Open Street Map peuvent combler les lacunes en données cartographiques de base qui aident à répondre aux catastrophes et aux crises. Elles constituent un bon exemple des progrès et des contributions du crowdsourcing pour les interventions d'urgence. L'équipe Humanitarian Open Street Map (HOT OSM), dont la majorité des activités se déroule à distance, s'occupe spécifiquement des interventions d'urgence et des situations humanitaires. Lorsqu'un événement se produit, une recherche de données existantes et d’images satellites disponibles est conduite. Elle est suivie par des activités de cartographie réalisées par des bénévoles afin de répondre aux besoins des organisations impliquées dans les interventions d'urgence.
Le Pacific Disaster Center (PDC) est une organisation qui utilise la prise de décisions basée sur des faits avérés pour promouvoir des concepts et des stratégies de réduction des risques de catastrophe. Il fournit des informations sur les aléas et la préparation à la gestion des risques et des crises, et combine des données socio-économiques avec des images satellites pour mieux comprendre la situation dans les zones touchées par des catastrophes.
Les organisations et initiatives mentionnées ci-dessus ne sont que quelques exemples. En effet, un large éventail d'organisations du secteur public, privé, et non gouvernemental, impliquées dans la télédétection et la cartographie par satellite, ont émergé ces dernières années. Sans coordination, un surplus d'informations et une duplication des efforts pourraient avoir lieu, ce qui réduirait alors l’efficacité de la réponse d’urgence à l’aide des satellites. Pour atténuer ce problème, et afin d’améliorer la coopération internationale dans ce domaine, le Groupe de travail international sur la cartographie d'urgence par satellite (IWG-SEM) a été fondé en 2011. Sa mission est d’établir les meilleures pratiques en termes de programmes opérationnels de cartographie d'urgence par satellite, de stimuler la communication et la collaboration, de soutenir la définition de directives concernant la cartographie d'urgence, de renforcer le partage d'expertise et de capacités et d’examiner les normes techniques et les protocoles pertinentes en lien avec la cartographie d’urgence. En mai 2015, l'UNOOSA a assumé la fonction annuelle de présidence officielle de l'IWG-SEM. Le groupe a publié des directives de cartographie d'urgence pour faciliter les échanges et garantir une harmonisation efficace concernant les efforts de cartographie d'urgence entre les organisations impliquées. De plus, ces directives facilitent la convergence des procédures et des contenus thématiques de cartographie entre les équipes de production, en particulier dans les premières phases d'intervention en cas de catastrophe. En facilitant l'échange, la fusion et la vérification de la qualité des couches de données et des informations individuelles générées par plus d'une organisation de cartographie d'urgence, l'objectif final d'améliorer la coordination et l'efficacité de la communauté peut être atteint parmi ceux qui souhaitent s'engager. En effet, les lignes directrices définissent qu'immédiatement après la demande de cartographie d'urgence (par exemple par un utilisateur autorisé de la Charte internationale), un processus de partage d'informations commence entre les organisations membres de l’IWG-SEM. Lorsque la zone d'intérêt, où le besoin d’information est le plus important, est définie, les satellites sont affectés à cette zone. Les informations sur les activités entreprises, comprenant des liens vers les fichiers cartographiques et les couches, sont ensuite partagées à l'aide d'un flux GeoRSS (un flux Web qui décrit les canaux de contenu avec son emplacement codé et qui peut être intégré dans une variété de logiciels). IWG-SEM a publié des spécifications techniques sur lesquelles les membres de l'IWG-SEM s’appuient pour diffuser les flux GeoRSS. Les flux peuvent être visualisés dans un agrégateur de flux comme celui fourni par Copernicus.
Pendant la phase de production cartographique, des informations sont partagées sur la superficie de la zone concernée, sur le contenu de la carte et sur les métadonnées du satellite utilisé. Ces informations sont utiles dans la coordination des activités des organisations du IWG-SEM. Pendant la phase de livraison des données, les informations géographiques sont fournies via les portails Web des organisations du IWG-SEM, avec la possibilité de s’abonner pour recevoir des alertes automatiques concernant les nouveaux produits de données. Après la catastrophe, les organisations du IWG-SEM discutent des leçons tirées de l'événement et utilisent les commentaires des utilisateurs afin d'améliorer leurs processus pour les catastrophes futures.
2.2. Utilisation de l’imagerie optique, thermique et radar à synthèse d’ouverture (SAR) selon les types de catastrophes
Pour chaque type de catastrophe, différents types d'imagerie satellite et de techniques d'analyse sont nécessaires. Les données les plus importantes pour les interventions d'urgence sont les données optiques, l'imagerie thermique et les systèmes radar à synthèse d’ouverture. L'imagerie optique est d'une grande importance, notamment pour la planification de la logistique des actions de secours sur le terrain immédiatement après une catastrophe. Un avantage majeur de l'imagerie optique est que son interprétation est également intuitive pour les non-spécialistes.
L'imagerie thermique offre d'excellentes possibilités de cartographie des points chauds causés par les incendies de forêt. Des systèmes de détection des incendies de forêt utilisant les données du radiomètre avancé à très haute résolution (AVHRR) ont été développés, notamment au Canada et en Finlande. Les données satellitaires thermiques peuvent donner des informations sur l'étendue et le nombre de départs d’incendies en temps réel, car les capteurs de l'AVHRR de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) et du radiomètre spectral pour l’imagerie de résolution moyenne modérée (Moderate Resolution Imaging Spectroradiometer – MODIS) sont sensibles aux incendies beaucoup plus petits que leur résolution spatiale. Le capteur MODIS est également très utile pour la surveillance des crues à grande échelle.
Les systèmes radar à synthèse d’ouverture (SAR) embarqués sur des satellites tels que ERS, Radarsat, Terra SAR-X ou Sentinel-1 offrent une grande valeur ajoutée pour les tâches de cartographie et d'analyse à réponse rapide, car leurs longueurs d'onde leur permettent de collecter des images à travers la couverture nuageuse. Bien que les images radar soient moins intuitives pour l'interprétation par des non-spécialistes, elles sont très utiles pour les inondations, les déversements d'hydrocarbures, les glissements de terrain ou encore les tremblements de terre. L’analyse conjointe et la comparaison des images post-événement avec les images pré-événement peuvent permettre la détection des changements, des dynamiques et de la cohérence interférométrique.
Lors d'un cyclone tropical ou d'un typhon, les inondations se produisent fréquemment sous une couverture nuageuse pouvant affecter de vastes zones. Les données satellite radar permettent de cartographier ces zones inondées indépendamment de la lumière du jour et des conditions météorologiques. De plus, les images radar de COSMO-Skymed peuvent également détecter des structures endommagées, tandis que d'autres satellites radar tels que Sentinel-1 peuvent détecter la déformation du sol causée par des tremblements de terre et des glissements de terrain. Pour les interventions d'urgence, la disponibilité de données topographiques précises de la zone touchée est de la plus haute importance. Les modèles numériques d'élévation (MNE – digital elevation models DEM) dérivés par interférométrie facilitent le traitement d'image et la génération de cartes.
Une combinaison d’événements et de dommages peut également se produire, comme par exemple des glissements de terrain dans les zones montagneuses induits par des tremblements de terre, ou encore des catastrophes technologiques induites par des événements naturels. En réponse à cela, des données optiques de haute résolution sont utilisées pour l'évaluation des dommages ainsi que des données radar pour la détection de changements. Dans le cas de tsunamis majeurs, de vastes zones sont touchées avec un risque élevé de catastrophes technologiques. De nombreuses images et données sont généralement acquises afin de créer des cartes de détection des zones inondées et d'évaluation des dommages.
3. Comment puis-je accéder aux données pour les interventions d'urgence ?
Une grande variété de données sont disponibles pour les interventions d’urgence. La connaissance de ces ressources et de la façon dont on y accède rapidement est cruciale pour les interventions d’urgence.
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La section de l'aide d'urgence d’UN-SPIDER compile toutes les données disponibles pour la réponse aux catastrophes à la demande d'un pays touché (lien vers les données compilées pour l’aide à l’urgence)
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Dans les liens et les ressources du portail de connaissance d’UN-SPIDER, des bases de données utiles à la réponse d’urgence peuvent facilement être trouvées en choisissant le filtre « réponse, réhabilitation » dans la rubrique « Phase du cycle des catastrophes ». Les données peuvent également être filtrées par type d’aléa. (lien vers les données)
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De plus, les rubriques liens et ressources fournissent des liens vers des outils et logiciels de télédétection et de SIG, incluant plusieurs plateformes de crowdsourcing (lien vers Ushaidi, lien vers Crowdmap, lien vers OSM, lien vers Digital Globe's Tomnod platform)
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La communauté spatiale a mis en place plusieurs mécanismes régionaux et mondiaux pour soutenir les opérations d'intervention en cas de catastrophe à l'aide d'images satellitaires. Les utilisateurs de ces informations peuvent grandement bénéficier de la compréhension des cadres organisationnels de ces mécanismes et de leurs procédures d'activation (lien vers un aperçu des mécanismes d'urgence disponibles et des organisations impliquées dans ce domaine).
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Avec son explorateur de données HDDS (Hazards Data Distribution System), l'U.S. Geological Survey (USGS) offre un accès facile et sur mesure à des ensembles de données sélectionnés pour des catastrophes spécifiques. Cet explorateur de données est une interface Web unique permettant de rechercher des images et des documents satellitaires et aériens conçus pour aider à répondre aux catastrophes naturelles et d'origine humaine. Il contient des images acquises à la suite d'une catastrophe ainsi que des images de la même région avant l'événement. La base de données est accessible par tous et permet d’afficher les aperçus et les métadonnées de l’ensemble des données. Des images des zones de catastrophe sont disponibles gratuitement (par exemple, des images Landsat ou MODIS) et peuvent être facilement téléchargées pour les utilisateurs enregistrés. L'accès aux données est restreint pour certaines données, telles que les données issues de GeoEye, Ikonos, Quickbird, Radarsat, Rapideye, TerraSAR-X et Worldview. L’accès est cependant accordé au cas par cas en fonction des besoins justifiés par l'utilisateur. Dans la nouvelle version de l’explorateur HDDS, un service de cartographie Web (WMS) personnalisé disponible pendant deux semaines peut être créé. C'est un moyen facile d'obtenir des images sous licence dans une application logicielle SIG ou dans un outil de cartographie en ligne. Une documentation détaillée comprenant des explications étape par étape concernant les fonctionnalités de l’explorateur HDDS d'USGS est disponible ici. (lien vers les données)
4. Comment les données spatiales sont-elles utilisées pour les interventions d'urgence ?
4.1. Utilisation des données satellite en situation d'urgence
En cas de catastrophe, un accès immédiat aux informations pertinentes peut sauver des vies. L'imagerie satellite constitue une source d'informations clé, qui peuvent être utilisées en réponse à des situations humanitaires, aux catastrophes d'origine humaine et aux épidémies. L’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest est un exemple d’utilisation des données satellite pour l’interventions d’urgence. En août 2014, l'Organisation mondiale de la santé a déclaré une urgence sanitaire internationale concernant l’épidémie Ebola, qui a couté la vie à des milliers de personnes au Libéria, au Sierra Leone et en Guinée. Un manque de compréhension de la maladie et de sa propagation, ainsi qu'un manque de coordination internationale ont été cités comme des facteurs importants ayant conduit à l'ampleur de l'épidémie. Les données satellitaires mises à disposition par le biais de la Charte internationale pour la réponse aux catastrophes ont été utilisées pour identifier les emplacements des établissements de soins Ebola en Afrique de l'Ouest et pour en planifier de nouveaux. Les cartes de référence de la couverture terrestre ont été combinées avec les données du recensement pour aider à planifier et à soutenir les opérations logistiques de réponse à cette crise.
Les données satellitaires peuvent également aider à identifier des zones sujettes à l'émergence et à la propagation d'épidémies, en surveillant des paramètres tels que la couverture terrestre, les plans d'eau, le vent et la poussière, qui peuvent tous être des vecteurs de maladies. Dans le cas d'Ebola, les satellites ont permis d'identifier les zones potentielles où le contact initial avec le virus a eu lieu, telles que les établissements ruraux isolés entourés de forêts tropicales denses et de cultures d’huile de palme, susceptibles d'attirer les chauves-souris frugivores, principaux vecteurs du virus.
4.2. Utilisation des données participatives en situation d'urgence
Comme détaillé dans la section 2, le crowdsourcing est apparu comme une approche innovante de la gestion des urgences, utilisant des données satellitaires et des cartographes bénévoles du monde entier pour fournir des données et des analyses en temps réel en réponse aux catastrophes naturelles. Le tremblement de terre de 2010 en Haïti en est une bonne illustration, puisqu’il s’agit de l'événement au cours duquel le potentiel du crowdsourcing en tant que moyen de répondre aux urgences a été établi et où un certain nombre de leçons importantes ont été apprises.
Lorsque le séisme de magnitude 7,0 a frappé Haïti le 12 janvier 2010, il y avait un besoin immédiat de cartes. Les intervenants d'urgence devaient savoir où se trouvaient les plus démunis et comment leur apporter de l'aide et des secours. Compte tenu de l'urgence des opérations de secours, la mobilisation d’un processus de collecte de données et de cartographie est devenue particulièrement importante. Des bénévoles du monde entier ont téléchargé des images satellites pour tracer et enregistrer les contours des rues, des bâtiments et d'autres lieux d'intérêt. Un problème important qui est apparu au cours des efforts visant à améliorer la couverture cartographique d'Haïti par les utilisateurs était la duplication des efforts et les obstacles à la combinaison des ensembles de données générés dans différentes applications.
La capacité des volontaires à aider dans les situations de catastrophe par le biais de la cartographie et d'autres analyses spatiales a considérablement augmenté avec le développement de services de cartographie en ligne. Bien que l'exactitude des cartes créées par des non-spécialistes suscite des inquiétudes, des systèmes de contrôle de la qualité sont en cours de développement et, dans les situations de catastrophe, les informations géographiques produites rapidement grâce au crowdsourcing avec des contrôles appropriés seront probablement bientôt tout aussi utiles qu'une cartographie plus traditionnelle. Les actions crowdsourcing ont joué un rôle essentiel dans les efforts de secours en Haïti et lors de catastrophes plus récentes, mais en complément plutôt qu'en remplacement des sources traditionnelles d'acquisition et de productions d’informations géospatiales.
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